L’adjoint au commerce a eu le courage de dire tout haut ce que pensent la plupart des membres de la majorité. On espère que d’autres démissions vont suivre.

Digne et ému, Édouard Chazouillères, a fait une intervention remarquable au moment de présenter sa démission.
À croire que Francis Ford Coppola est en vacances sur la Côte basque et qu’il est l’auteur de ce scénario improbable ! Car c’est bien « Apocalypse now à Biarritz » qui s’est tenue, hier soir, dans la salle du conseil municipal. Un film qui dure plus de quatre heures mais où on ne s’ennuie pas une seconde, tant les rebondissements sont multiples. Tout commence pourtant de façon fort prévisible avec le second rôle Veunac, l’homme qui rackette d’abord et qui réfléchit ensuite. D’entrée de jeu, il annonce qu’il retire de l’ordre du jour la délibération 12, dénoncée par Bisque, Bisque, Basque ! car elle mettait dans la même gibecière à rançon, les cinéastes en tournage sur la Côte basque et les Biarrots obligés de ravaler leur immeuble. Michel Veunac explique que « cette délibération était juste dans son principe, mais méritait d’être plus claire et plus compréhensible dans son application ». Une façon policée d’avouer qu’une fois de plus, il a fait n’importe quoi.
Veunac avale son ticket d’horodateur
Même reculade sur le stationnement, où Veunac ne remportera pas un Oscar avec ses contorsions : « il est clair que ce dispositif est en phase d’expérimentation » Prêt à avaler son ticket d’horodateur maintenant que la Ville est en feu par sa faute, Veunac annonce la possibilité pour les actifs de ne pas bouger son véhicule pendant cinq heures, la création de vingt emplacements de zone bleue, un tarif à quarante euros mensuels pour ceux qui travaillent à Biarritz, le tout étant validé lors du prochain conseil municipal fixé au 23 mars. Et pourquoi pas un moratoire en attendant puisque le système choisi est défaillant ? S’ensuivra une heure trente de débats où opposition et majorité déploreront le sens de la concertation bien particulier du premier magistrat de la Ville.
Même stupeur dans les rangs de la majorité et de l’opposition, quelques deux heures plus tard, au moment du débat d’orientation budgétaire. Tandis que Lafite, ivre de lui-même, se gargarise de ses compétences d’économiste, tout le monde constate qu’il n’y a pas une seule ligne sur L’Hôtel du Palais, où la bagatelle d’une bonne cinquantaine de millions d’euros de travaux est prévue. Facile dans ces conditions, de présenter un budget en équilibre ! Un peu comme un salarié qui gagnerait le salaire minimum mais ne tiendrait pas compte dans son budget des cinq cents euros de loyer mensuel de son habitation.
Haye se dévisse les sourcils
Et, alors que la fin du film devient presque prévisible, la soirée s’éternisant en longueur, surgit le jeune premier Édouard Chazouillères, qui incontestablement mérite le César de l’espoir de l’année pour sa prestation très aboutie. Grave, ému, mais aussi clair et précis, il renvoie tout le monde à ce que la politique peut avoir de meilleur. Des idées simples, mais aussi de la cohérence, des convictions et du courage.
Bisque, Bisque, Basque ! vous sachant un peu fainéants n’a pas résisté au plaisir de vous isoler l’extrait vidéo d’une durée de huit minutes où Édouard Chazouillères exprime enfin tout ce qu’il a sur le cœur depuis presque quatre ans.
Vous savourerez au passage les haussements de sourcil de Ghislaine Haye, comme terrorisée par l’audace de son voisin, et la ringardise des commentaires de Michel Veunac à l’annonce de la démission de son adjoint : « Il aurait été correct de m’en parler avant… Mais au point où nous en sommes ! » Un aveu d’impuissance qui ne fera peut-être pas rire les Biarrots, conscients du naufrage de leur ville. Pour ceux qui ont l’oreille fine, vous noterez aussi le commentaire de notre naufrageur en chef, quand Édouard Chazouillères lui reproche son opposition passée à la communauté d’agglomération du Pays basque : « Mais, j’en suis devenu le vice-président », tandis que le démissionnaire, accablé par tant de duplicité, murmure hors micro : « Encore mieux ! » Et cette pirouette finale de l’artiste Veunac : « Si vous démissionnez, parce que j’ai dit à une dame de ne pas revenir à Biarritz » … Allez, rideau, Michel !
Pas de jurisprudence, Veunac, Lafite, Brisson
Alors que presque tous les élus de la majorité en privé, en dehors des indécrottables flagorneurs Destizon et Claverie, racontent la catastrophe ambulante qu’est Michel Veunac à la tête de Biarritz, Bisque, Bisque, Basque ! tient à saluer le courage d’Édouard Chazouillères qui n’a pas hésité à faite table rase de ses avantages du moment pour redevenir un homme libre, contrairement à un Laurent Ortiz, démissionnaire qui conserve ses mandats. Certains diront qu’Édouard Chazouillères, qui s’affirme « soulagé, mais bien incapable pour l’instant de se projeter au-delà de 2018 », pense aux municipales de 2020, mais quoi de plus normal quand on aime la vie publique ? Contrairement à ses compères de la majorité qui n’ont guère l’occasion de se mettre en valeur, avec cette « dream team » Veunac, Lafite, Claverie, Barucq, qui dirige la ville et les ignore, Édouard Chazouillères a montré qu’il avait du caractère et qu’il savait prendre ses responsabilités. Ce qui n’est pas rien.
Car la pire erreur que pourraient faire tous ceux qui s’imaginent tête de liste en 2020 (… Et ils sont nombreux !) serait de croire que les bonnes vieilles recettes qui ont fonctionné à Biarritz jusqu’en 2014 sont encore de mise. Lorsque ce blog a dénoncé, lors des dernières municipales, les « approximations » du candidat Veunac, beaucoup rigolaient en me disant qu’à sa place, ils auraient fait de même. Aujourd’hui, au vu de l’étendue des dégâts, plus personne n’a envie de rire et il est certain que la transparence, la rigueur et la morale publique auront une grande importance dans la décision de vote des électeurs.
Dans ces conditions, le grand numéro « C’est pas notre faute, Borotra décidait tout ! » que nous ont fait les trois ex-adjoints réélus en 2014, Veunac, Lafite et Brisson, que ce soit à propos de La Cité de l’Océan ou autres folies des grandeurs de l’ancien monarque, n’est plus de mise. Tous les membres de la majorité qui rêvent d’un nouveau destin politique en 2020 doivent avoir conscience que les Biarrots les observent avec attention et que, s’ils ne prennent pas dès maintenant leurs distances avec l’équipe dirigeante qui envoie la Ville dans le mur, ils seront balayés tout comme Veunac lors du prochain scrutin.
Plusieurs élus de la majorité semblent prêts à affirmer publiquement leurs désaccords avec l’équipe dirigeante, comme en témoigne le malaise exprimé par François Amigorena dans Sud Ouest. Ils s’honoreraient à le faire très rapidement. Car en politique, quand la situation est inacceptable, il faut savoir renverser les tables… Et sans faire de cinéma !
Perles de conseil

Peio Claverie peut se montrer ardent défenseur du stationnement payant ou de la hausse de la taxe d’habitation à Biarritz : il habite Bidart!
Peio Claverie : C’est un bêtisier de plusieurs heures qu’il faudrait consacrer à Peio Flagornerie comme il est surnommé sur les réseaux sociaux. Il commence par un gros coup de violon sur le port des pêcheurs et l’Association Nautique de Biarritz. Parce que son fils convoite la crampotte 30, située juste à côté et que l’appel d’offres se tiendra le 27 février prochain ? À propos du stationnement : « On n’est pas au pays des Bisounours. Aujourd’hui, on paie le stationnement un peu plus et demain on le paiera encore un peu plus » Comme ça, c’est clair !
François Amigorena, à propos du stationnement : « Quand on parle de concertation, ça se passe en amont. Si une concertation avait eu lieu fin 2017, on n’en serait pas là ». Et si on n’avait pas élu Veunac en 2014… À propos de la politique de la ville : « Il manque un plan d’ensemble. On procède par touches pointillistes, un petit projet par ci, un petit projet par là… » On pourrait même dire que la politique de Veunac est minimaliste.
Guillaume Barucq propose un disque vert de stationnement qui permettra aux possesseurs de véhicules électriques ou à moteur hybride de bénéficier de deux heures gratuites. Sympa pour les bobos branchés, mais ce n’est peut-être pas la problématique des gens au SMIC venant travailler à Biarritz. Le même : « Il faut arrêter de faire du misérabilisme avec les actifs. Marcher un kilomètre pour des jeunes, c’est bon pour la santé et c’est même conseillé » … De l’art de se faire de nouveaux copains !
Bénédicte Darrigade, après l’annonce par Veunac de 157 arrêts-minute à 4000 euros la borne : « Créez des zones bleues, c’est moins coûteux ! » Mais c’est qu’elle voudrait arrêter le racket !
Hervé Boissier : « Un des premiers chocs culturels qu’il va falloir que nous assumions, c’est de ne plus décider tous seuls » Comme il y va ! C’est la seule chose qui amuse Veunac et Boissier veut lui retirer son jouet…
Maïder Arostéguy veut « rendre Biarritz aux Biarrots » et s’indigne des dépenses de la mairie : « Mettre des balises GPS sur des étrons relève de la politique du gadget » Oh, Guillaume, pourquoi tu tousses ?
Jean-Benoît Saint-Cricq rappelle que la dette de Biarritz est de 63 millions d’euros. Il veut vendre 49% des fonds et des murs de L’Hôtel du Palais pour assainir les finances de la Ville. Sur l’élan il propose de céder à un promoteur la mairie et le commissariat et de créer un centre administratif plus fonctionnel à Floquet. Ce ne serait pas, par hasard, l’esquisse d’un programme électoral pour 2020 ?
Guy Lafite s’indigne que l’ex-président du festival Latino ait communiqué à la presse des éléments de salaire du futur délégué général. La devise de notre grand argentier est donc : « Argent public, mais magouilles secrètes » ?