Seul élu à parler encore à tout le monde, le médecin biarrot est actuellement ardemment courtisé, en particulier par les candidates déjà déclarées.
Ce que c’est d’être devenu une star de sa ville ! Les cinq premières minutes de l’entretien sont compliquées. Guillaume Barucq s’est placé à un endroit stratégique d’où il surveille du coin de l’oeil son vélo, car il a oublié son antivol. Heureusement, le patron du « Bar du Polo » perçoit le manège et n’hésite pas. « Guillaume, à cette heure il n’y a pas grand monde. Rentrez donc votre vélo dans le bar ». Et c’est ainsi que le chantre de la circulation douce se retrouve à discuter avec « Bisque, Bisque, Basque ! », son vélo électrique bleu trônant dans la salle.
Un peu nostalgique, Guillaume Barucq revient sur ce grand meeting au Casino Bellevue du 28 mars 2014, quand les Veunac, Lafite, Motsch, Amigorena, Claverie étaient à ses côtés et sentaient la victoire à portée de main. « Vous pouvez réécouter ce que j’ai dit ce jour-là. Nous avions signé un pacte-intergénérationnel, pour que les politiques expérimentés aident les jeunes et les préparent à diriger un jour la Ville. »
https://www.youtube.com/watch?v=RpiyI9xMW8A (minute 36)
On connaît la suite, les haines, les engueulades constantes, les dossiers planqués, les démissions successives d’Amigorena, Chazouillères, Lannevère, Motsch… et un Veunac qui pense plus que jamais à 2020. Guillaume n’a pas trop envie de s’attarder sur cet échec humain. « Après trente ans de vie municipale bien remplie, certains élus envisageront certainement une retraite politique méritée ». La rumeur biarrote, qui va parfois fort vite en besogne, raconte qu’il y a un mois, au moment où il a appris l’éviction de Nathalie Motsch, Guillaume Barucq a envisagé de tirer un trait sur la vie politique. L’intéressé refuse de confirmer, mais sa passion à défendre sa Ville, ses projets, son enthousiasme semblent accréditer l’idée d’une présence aux prochaines municipales.
« Décision en juin »
Même s’il reconnait que sa candidature a été trop tardive en 2014, Guillaume Barucq refuse de franchir le pas pour l’instant. « J’écoute et je réfléchis ». Avant d’ajouter dans un sourire : « Et c’est vrai que je ne manque pas de sollicitations ». Le camp de Maïder Arosteguy comme celui de Nathalie Motsch ont sondé les intentions du médecin surfeur, tout comme les Abertzale. Guillaume Barucq a conscience que le G7 complique terriblement la donne politique. Pour que les Biarrots n’aient pas le sentiment d’une récupération politique si le rassemblement mondial se passe mal, il faut donc faire les grandes annonces avant l’événement. « J’annoncerai ma décision en juin ». L’homme qui semblait si perdu à ses débuts en politique a visiblement appris au bout d’un mandat et maîtrise mieux les codes du genre. Bisque, Bisque, Basque ! sait à quel point la situation peut évoluer vite en politique, mais a bien noté les propos de Guillaume Barucq : « De toutes façons, si je me présente, ce ne sera plus pour un poste d’adjoint mais pour tenter ma chance à la mairie ».
« Un mandat unique à la mairie »
Et pour renforcer l’impression d’une décision presque prise, Guillaume consciemment ou inconsciemment raconte comment il procèderait s’il se retrouvait au printemps 2020 à la tête de la ville. « J’ai une grande chance. Je suis le seul actuellement à la mairie à parler à tout le monde. Je pense que dans une ville comme Biarritz, il ne faut surtout pas se priver des talents. En revanche, il faut mettre fin à certaines pratiques et façons de faire de la politique ». Guillaume respire un grand coup : « Je suis pour le mandat unique et je me l’appliquerai à moi-même si je suis élu maire. Je n’accepterai même pas de cumuler et d’occuper un poste de vice-président à la communauté d’Agglomérations du Pays basque. J’enverrai un élu de confiance pour défendre les intérêts de Biarritz ». L’adjoint à l’environnement considère en revanche que faire de la politique à plein temps est désastreux aussi bien pour les citoyens que pour l’intéressé, car on finit par perdre le sens des réalités. « Je ne sais pas encore comment je m’organiserai, mais il est sûr que je continuerai la médecine au moins quelques heures par jour, car à la fin de mon unique mandat, je reprendrai avec plaisir mon métier. »
« En phase avec aucun parti »
Se pose la délicate question de l’investiture d’un parti politique dans une ville où de nombreux résidents secondaires, pas très au fait de la politique locale, sont inscrits sur les listes électorales et votent pour un parti plutôt que pour un homme. Le médecin biarrot fait preuve d’une franchise désarmante et tout à son honneur : « Je suis bien conscient que je me faciliterais les choses en adhérant à un parti. Il y aurait un parti écologiste de centre, tout serait simple. Europe Écologie Les Verts est trop à gauche pour moi et Écologie Bleue trop à droite. Il manque à l’heure actuelle en France ce grand parti écologiste qui transcenderait les tendances partisanes et accepterait tous ses courants. Pour moi l’écologie n’a ni à être de droite ni de gauche, et un positionnement au centre pourrait correspondre à beaucoup de citoyens qui ne se retrouvent pas dans l’offre actuelle. » Le surfeur sourit : « C’est peut-être naïf, mais je crois qu’on peut être élu à Biarritz en ayant une sensibilité centriste mais sans être membre d’un parti ». Avant de rajouter dans un sourire : « Après tout, il y a déjà eu des médecins aux commandes de Biarritz » (Pierre-Paul Jaulerry de 1864 à 1881 et Alcide Augey de 1881 à 1884).
« Je m’interroge sur des alliances »
Reste l’épineuse question des alliances possibles, indispensables en politique. Les incessantes péripéties vécues sous cette mandature, avec un Veunac mis en minorité par sa majorité et sauvé par le « ralliement » de cinq opposants a bien démontré aux Biarrots que la « ligne de fracture » ne passait pas par une traditionnelle majorité face à une traditionnelle opposition, mais par une ligne anciens contre modernes, avec une grande envie de transparence et de moralisation de la vie publique pour les plus jeunes. Mais comment imaginer si chaque « quadra » monte sa liste (Arostéguy, Motsch, Tardits, Barucq) pouvoir l’emporter ? Et comment croire qu’un ralliement de dernière minute des « quadras » entre les deux tours, puisse convaincre les Biarrots et faire le poids, face à une liste emmenée par Veunac ou Lafite ? « Je suis conscient du problème et j’y réfléchis » reconnaît Guillaume Barucq.
Après avoir ingurgité des couleuvres pendant six ans, le docteur Barucq va visiblement devoir se mettre à l’aspirine pendant quelques temps.
Un livre à son image
Personne ne doute de la sincérité des convictions écologiques de Guillaume Barucq. « Detoxseafication » est un livre à son image, sympa, précis et efficace, qui fait le point sur les agressions que subit notre organisme chaque jour et réfléchit sur la capacité de l’océan à se régénérer. Conçu comme un guide pratique, l’ouvrage peut aussi bien se lire en continu qu’être utilisé comme un ouvrage de référence où l’on va chercher une réponse à une question précise.
(« Detoxseafication », éditions Surf prévention, 276 pages, 25 €)