Les cocus au balcon… puis au téléphon
Un ministre aux colistiers absents, des « sans liste » qui cherchent fortune ailleurs, un Veunac KO debout, une Maïder prudente, récit d’une folle semaine biarrote.
DÉNI TOTAL. – Mercredi soir 29 janvier, après l’annonce du retrait des deux ministres, les journalistes locaux se sont précipités pour interviewer les colistiers de Didier Guillaume. Ces derniers, malgré l’information relayée par tous les médias, soutenaient que leur héros allait démissionner dès le lendemain du ministère de l’Agriculture. Pour preuve « il a prévu une réunion publique ce vendredi » Las, le jeudi a permis de constater que l’abandon de Biarritz par le toujours ministre était effectif et que ni Lafite ni Brisson ne se montraient très enthousiastes pour devenir tête de liste. Tous alors de se précipiter vendredi matin, en fonction des affinités, au téléphone pour tenter de trouver place sur une liste encore prête à les accueillir. Les convictions, il n’y a que ça de vrai.
LES VALISES ÉTAIENT PRÊTES. – Après son entretien mardi avec Emmanuel Macron, Didier Guillaume s’était montré catégorique auprès de ses soutiens : ses valises étaient prêtes, son aller-simple Paris-Biarritz en avion retenu pour mercredi soir, « où il arrivait à plein temps », la réunion prévue avec LaRem devant être une simple formalité. Sauf que notre ministre de l’Agriculture commençait à avoir de sérieux doutes depuis 10 jours. Ses poissons-pilote Michel Poueyts et Guy Lafite lui avaient parlé d’une ville qui n’attendait que lui et promis des salles combles à chacune de ses sorties. La réalité s’était montrée toute autre et de son propre aveu, Didier Guillaume reconnaissait que « l’élection allait être difficile à gagner ». Sur ce, le 24 janvier, le ministre de l’Agriculture apprend que son grand copain Michel Poueyts est mis en examen pour corruption dans une affaire de trafics de billets de rugby. Misant sur la présomption d’innocence, Guillaume décide malgré tout de continuer. Avant de découvrir que le procès du fonctionnaire en prison qui rénovait les permis de conduire contre des places de rugby se tiendra le 11 février prochain à Pau. Avec le risque que le cas de son copain Poueyts qui jure de son innocence sur sa page Facebook soit largement cité par la presse. Voilà comment l’agriculture française a gardé son grand homme.
LA « FRONDINETTE » DE LEMOYNE. – Lors de la réunion de LaRem où devait se traiter les cas des deux ministres concurrents à Biarritz mais aussi celui de Cédric Villani, tout le monde s’attendait à ce que les difficultés proviennent de Didier Guillaume, bien décidé à démissionner. En fait le ministre de l’Agriculture a assez vite abdiqué pour les raisons expliquées un peu plus haut. En revanche, c’est Jean-Baptiste Lemoyne qui a fait des manières en expliquant que son cas n’avait rien à voir avec celui de Didier Guillaume et qu’il était juste un « soutien » de Michel Veunac. Le néo-Biarrot a tellement agacé tout le monde qu’une suspension de séance a été décidée, histoire de laisser le temps à Emmanuel Macron de téléphoner à l’impétrant. En substance, le président de la République, très colère, lui aurait dit : « Tu as une heure pour choisir. Soit tu restes à ton poste, soit tu te présentes à Biarritz. Mais pas les deux ! » Et comme Lemoyne a besoin de ses émoluments de secrétaire d’État, il est soudain devenu docile. Quand on parle pognon, c’est fou comme les choses s’arrangent.
VEUNAC KO DEBOUT. – Convié au débat organisé par France Bleu – Sud Ouest où il s’imaginait en tête du sondage organisé par les deux médias, Michel Veunac a pris une grosse claque en découvrant que Maïder Arostéguy le devançait largement. Le maire sortant s’est efforcé de faire bonne figure au micro en répétant : « Je considère que mon bilan est de bonne qualité ». Mais, au dire de tous les témoins, il était KO debout et incapable, sans le bras secourable de son épouse, de regagner seul sa voiture.
LES CHIFFRES QUI TUENT. – C’est l’analyste politique d’Ipsos, commanditaire du sondage, qui s’est montré le plus sévère pour Michel Veunac, visiblement assez peu populaire parmi les 500 personnes sondées. Si Maïder Arostéguy réunit 63% d’opinions favorables et Guillaume Barucq 53%, Veunac n’est qu’à 44%, un chiffre extraordinairement bas pour un maire sortant. Et quand les sondés jugent le bilan, c’est encore pire. Pour l’analyste d’Ipsos, Veunac est « très sévèrement noté par les Biarrots. Pour qu’un maire sortant puisse être réélu, il lui faut en règle générale 66% de sondés estimant qu’il a un bon bilan » Veunac plafonne à 50% de sondés considérant que son bilan est honorable. Ce qui tient déjà du miracle, compte tenu du mandat calamiteux qu’il a fait vivre à tous.
LES VACHERIES DE MAÏDER. – Nettement en tête, Maïder Arostéguy s’est gardée au micro de France Bleu Pays Basque de tout triomphalisme à six semaines du premier tour. Quand on évoque le soutien du sénateur Max Brisson qui s’est soudain réveillé à 16 h 58 sur son Facebook, soit deux minutes avant les résultats du sondage, Maïder fait dans la sobriété suave : « J’accepte son soutien avec grand plaisir » Un ange passe… Et quand le journaliste, malicieux lui demande si elle est prête à accueillir dans sa liste des transfuges de la liste Didier Guillaume, Maïder répond tout aussi malicieusement : « Ma liste est bouclée. Mais si certains veulent me rejoindre au sein du comité de soutien, ils sont les bienvenus » Oh, la vilaine, qui veut priver des élus méritants et désintéressés de leur place au chaud au conseil municipal et leur demande de travailler gratos !
BRISSON AU PALMARÈS DU RIRE. – Malgré la concurrence de trois réunions publiques, belle assistance jeudi 30 janvier, à la Maison des Associations, pour la remise des klaxons et des harpes aux élus les plus méritants par l’association RamDam. Alors que les esseulés de la liste Guillaume se réunissaient pour savoir s’ils ne pouvaient trouver un leader de rechange, Max Brisson, lauréat d’un klaxon d’argent pour « la rectitude de ses convictions et son soutien sans faille à la candidate de sa famille politique » a suscité le plus de rires et de moqueries dans l’assistance. C’est François Bayrou, vainqueur du klaxon d’or qui va être jaloux !
LA MENACE QUI FAIT TREMBLER. – Bonne dernière mais pas désarçonnée pour autant, Marine Batiste a stupéfié les participants du débat par son culot : « L’écologie ça ne s’improvise pas. Je n’apporterai, en tout cas, mon soutien à personne. ». Qui va oser dire à la candidate qui a été présentée par « Libération » comme investie par les Verts et s’est pris un cinglant démenti d’EELV, qu’au vu du nombre insignifiant de voix qu’elle représente, tout le monde s’en fout ?
LE VRAI VAINQUEUR ? – Karim Guerdane, journaliste de son métier, a su mettre en évidence son résultat : « Vous devriez titrer sur le score que je réalise, car approcher les 5 %, en moins de trois semaines de campagne c’est enthousiasmant ; ça signifie que dans cette campagne il y a aussi une voix pour le citoyen et je suis content de l’incarner. À mon sens, la question sociale doit être prioritaire. » Derrière la boutade, l’enfant de Saint-Charles a probablement raison. À force de repeindre en vert leurs listes, les candidats semblent avoir un peu oublié les plus démunis et les dégâts que peut faire la politique ultra-libérale de Macron. Gageons que tous les candidats vont soudainement mettre un peu de social dans leurs programmes. De là à le mettre en pratique ensuite…
JANUS VEUNAC. – À croire que le encore maire de Biarritz a eu le temps de prendre quelques pilules magiques entre le siège de France Bleu et le centre-ville de Biarritz ! Vendredi soir, l’ambiance était totalement mortifère au sein de sa permanence après la publication du sondage, Louis Vial et Patrick Destizon, tirant une tête de dix pieds de long comme s’ils venaient d’enterrer leur grand-père. Mais Super-Mimi est arrivé vers 20 heures, remonté comme jamais en rappelant qu’en 2014 Max Brisson était annoncé largement vainqueur. Et le pire, c’est que ses maigres troupes l’ont cru et sont ressorties gonflées à bloc. Ce que c’est d’être un grand leader charismatique !
IL VA LES TUER ! – Bravant le coronavirus et ne prenant pas en compte l’âge avancé de sa troupe pour un travail aussi matinal, Veunac avait mis tout le monde au boulot dès 9h30 samedi matin aux halles centrales de Biarritz (Le maire ne doit pas savoir qu’il existe des quartiers plus démunis à Biarritz) à distribuer sa propagande. Mamie Jeanine Blanco, Papy Robert ou Tonton Vial haranguaient comme jamais les chalands, vêtus de leurs assez ridicules écharpes blanches (Pour signifier sans doute que le mandat a été vierge de toute bavure). Un seul jeune dans la troupe : l’homme qui se perd encore dans Biarritz, Jean-Baptiste Lemoyne. Il suffisait d’écouter les commentaires peu amènes des Biarrots à quelque distance du groupe des distributeurs de tracts pour constater que Veunac a intérêt à investir dans un remonte-pente haut de gamme s’il veut être réélu.
LA PERLE DE LA LISTE ? – Ayant perdu la seule « nouveauté » de sa liste avec Jean-Baptiste Lemoyne, Michel Veunac se trouve désormais fort démuni avec son équipe de vieux chevaux de retour de la politique qui se sont distingués pendant tout le mandat par leur absence d’idées et leur servilité inégalable. Mais le super vendeur Mimi-la-Malice clame partout que sa liste va étonner et qu’il a une « recrue de choix ». Aux dernières nouvelles, la recrue de choix serait Christian Brocas, l’homme qui a passé six ans à tailler Max Brisson qu’il soutenait en 2014 et Michel Veunac qu’il soutient désormais. C’était notre rubrique : pour une gamelle, je suis prêt à tout.
MONSIEUR X OU MONSIEUR Y ? – Chaque semaine, Bisque, Bisque, Basque ! s’extasie devant la malice de la rubrique politique de La Semaine du Pays basque, avec une Marquise de Vérité très bien informée et un Monsieur X qui, sous couvert de décoder la vie politique biarrote, encense Veunac au-delà de tout. Pas de chance pour l’hebdomadaire local, Bisque, Bisque, Basque ! a son propre informateur, Monsieur Y, très proche du président. Selon Monsieur Y, Macron a compris depuis fort longtemps les limites de Veunac et ne le tient pas en haute estime comme en témoignent les discours d’après G7 où le nom du maire de Biarritz avait été soigneusement biffé. Monsieur X et Monsieur Y ? Sûrement deux collègues de bureau qui se détestent !
ET MAINTENANT LA MOMOBILE. – Maïder Arostéguy sillonne les quartiers avec un monospace gris que ses colistiers surnomment la « Mamamobile ». Depuis ce week-end, Nathalie Motsch a jeté son dévolu sur un véhicule électrique du plus bel effet que l’on surnommera la « Momobile ». En appréciant le clin d’oeil appuyé fait à Jean-Baptiste Aldigé et aux supporters du BO avec les belles couleurs rouge et blanc du véhicule.