Gros malaise face à la multiplication de candidatures qui semblent relever de l’aventure personnelle et de la volonté de monter une petite boutique électorale à vendre au plus offrant.
Si vous êtes un citoyen ou une citoyenne en manque de câlins ces derniers temps à Biarritz, Bisque, Bisque, Basque ! a un truc infaillible pour vous. Descendez dans le centre-ville avec un panneau accroché autour du cou : « Prêt à être sur une liste. Place indifférente ». Vous n’allez pas patienter une minute avant que quelqu’un ne vienne vous cajoler, vous encenser et vous affirmer que vous êtes exactement la personne qu’il recherche. Vous êtes stupide, raciste ou homophobe, ce n’est pas grave, il faut de tout pour faire un monde et c’est tellement dur de trouver trente-cinq personnes pour faire une liste. En effet, pas une semaine ne se passe sans qu’un nouveau candidat ne se déclare. Avec à chaque fois le même discours : « Il est trop tôt pour vous en parler, mais vous allez être surpris par mes soutiens » (Celle-là, elle n’est pas neuve !) avant de conclure : « Avec mon équipe, nous travaillons d’arrache-pied à un programme qui va émerveiller les Biarrots ».
Tête de liste, sinon rien !
Et bien évidemment, avec un manque de modestie un peu sidérant quand on connaît la complexité actuelle d’un poste de maire, tous les candidats et candidates qui pensent à la mairie de Biarritz tous les matins en se rasant ne peuvent imaginer un autre poste que celui de tête de liste. Ils sont déjà six à s’être déclarés, autant à être presque déclarés en guettant la fenêtre de tir idéale, et presque autant à se demander comment ils pourraient faire partie du futur casting, en occupant évidemment un poste… de tête de liste. Comme le disait Didier Borotra, « la politique, c’est simple. Il faut trouver trente couillons prêts à vous suivre et après vous faites à peu près ce que vous voulez ».
Ce bal des ego est insupportable pour le citoyen lambda. Tous les futurs candidats, que ce soient ceux qui se sont déjà déclarés ou ceux qui trépignent d’en être, estiment qu’un deuxième mandat de Veunac serait catastrophique. Mais, il n’y en a pas un pour se montrer capable de fédérer, pas un pour accepter de se joindre à l’autre en reculant dans la hiérarchie de la liste, pas un pour sacrifier son ego et envisager une sorte de liste de salut public qui, au prix d’une concession individuelle et d’un peu d’humilité, regrouperait les talents et tenterait de sortir la Ville de son marasme actuel. Au lieu de cela, on va droit vers des aventures personnelles qui finiront piteusement en ralliements contraints et forcés au soir du premier tour. Ce que Biarritz a déjà vécu en 2014. Une mécanique bien connue des politologues qui s’appelle la machine à perdre.
Malaise sur le fond
Alors oui, des dents vont grincer à la lecture de cet article, mais je ressens un énorme malaise face à la mascarade électorale qui semble se dessiner. Pour moi, un bon candidat, c’est un candidat qui se retrouve éligible presque par hasard. Des mois, voire des années avant l’échéance électorale, il porte un projet, rameute les citoyens, se bat pour ses idées et fédère, avant de prendre conscience que personne ne saura mieux défendre ses idées que lui-même, ce qui le décide à être candidat.
Mon sentiment est que tous les candidats actuels s’y prennent à l’envers. On monte un petit groupe, on compose avec les sensibilités de chacun et ensuite, après avoir annoncé triomphalement sa candidature, on élabore à la hâte un programme pour avoir l’air crédible. Une sorte de Meccano improbable où pour contenter tout le monde on s’efforce de faire rentrer des pièces carrées dans des trous ronds. La plus sûre façon de se planter si on veut vraiment gouverner une Ville en harmonie avec les citoyens au lieu de se contenter de la satisfaction de porter l’écharpe tricolore.
Malaise sur la forme
Sur la façon de se déclarer soudain candidat, je suis tout aussi heurté. Dans ce blog, j’ai répété pendant sept ans que, mon père et mon grand-père ayant été maire, j’arrêtais là la malédiction familiale et que je ne serais jamais autre chose qu’un commentateur de la vie publique. S’il me venait soudain à l’idée de succomber à la mode du moment et de monter une liste, je crois que certains fidèles de ce blog se manifesteraient. Ils auraient totalement raison.
La candidature de Marine Batiste, alias The Blond Biarrote, annoncée samedi dernier, n’est pas plus ridicule que d’autres, car il est nécessaire que la vie publique se renouvelle. Mais elle ne l’est pas moins quand on affirme sur tous les tons qu’il faut empêcher Veunac d’être réélu et qu’on sait parfaitement qu’on affaiblit le camp des opposants. Au point que Sud Ouest, à l’heure où cet article est publié, n’a consacré à cette candidature que quelques lignes dans Le Piéton.
Avec seulement trois ans de présence à Biarritz, le bon sens politique aurait été de faire ses classes en défendant ses idées au sein d’une liste proche de ses convictions. Et de ne pas duper ses lecteurs avec un blog à la ligne éditoriale fluctuante qui n’était qu’une sorte de cheval de Troie journalistique pour mieux lancer sa candidature.
Futurs candidats, si vous voulez battre Veunac ou son clone Lafite, ce qui pour nombre de Biarrots constitue la priorité des priorités au vu du mandat désastreux qu’ils viennent d’accomplir, tous autant que vous êtes, arrêtez de jouer perso et unissez-vous. Et cessez une bonne fois pour toutes de vous contempler le nombril tous les matins dans la glace. Même si les électeurs biarrots ont bien compris qu’il n’y a que des surdoués qui se présentent pour conquérir leur ville.