Impressionnant face à Donald Trump, le président Macron a remporté son duel… haut la main.
Pour avoir fréquenté des boxeurs dans ma jeunesse, j’ai toujours été frappé de la douceur avec laquelle ces sportifs vous serrent la main. Seuls les matamores de vestiaire, ceux qui cherchent à faire oublier leur médiocrité sur le ring, s’obligent à vous broyer les phalanges pour bien vous faire sentir leur virilité. Faute de pouvoir briller par sa hauteur de vues ou ses connaissances géo-politiques, le président américain Donald Trump a développé une stratégie bien à lui pour faire sentir à ses interlocuteurs qu’il entend demeurer le maître du monde. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, reçu à la Maison-Blanche en février dernier, n’est pas prêt d’oublier l’étreinte de dix-neuf secondes que le rustique président des États-Unis a fait subir à la petite miniature qui lui tient lieu de main. Ne ratez pas sa grimace de soulagement quand le supplice se termine, elle est désopilante.
Emmanuel Macron apprend décidément très vite, même s’il n’a pas été élu à mains levées. Très à l’aise pour son premier G7, sachant habilement s’écarter avec Justin Trudeau tout en restant à portée de main pour offrir aux photographes l’image d’une jeune classe dirigeante triomphante, complice avec Angela Merkel comme jamais Hollande ne l’a été, le président français a retenu l’attention de tous les médias américains en se sortant
brillamment du traquenard tendu par Donald Trump. Face aux caméras, notre Macron que l’on découvre féroce, non seulement ne s’échappe pas face à la tentative de destruction de sa main droite par le soudard américain, mais il en rajoute et, pour notre plus grand chauvinisme triomphant, ce sont les articulations de Trump qui blanchissent, ses doigts qui papillonnent et se font flanelle pour tenter d’échapper à la broyeuse, tandis que Macron, sourire de façade et œil cruel rajoute une ultime pression avant de libérer les cinq otages. Voici d’ailleurs ce qu’écrit le New-York Times à ce sujet : » Leur poignée de main a suscité l’étonnement. Le président américain de 70 ans et son homologue français de 39 ans se sont donnés la main, entamant un salut viril qui s’est achevé en poignée de la mort bon enfant. Les mâchoires serrées, leur visage alternant entre sourires et grimaces, les deux hommes se sont serrés la main jusqu’à ce que les jointures de M. Trump pâlissent. A un moment, le président a essayé de retirer sa main, mais M. Macron a agrippé sa main encore plus fort et a continué à la serrer. Finalement, la seconde fois, M. Trump s’est retiré et M. Macron l’a laissé partir.«
Même si Macron a franchi l’épreuve haut la main et si on applaudit des deux mains, on a le sentiment qu’il s’en est fallu de l’épaisseur d’un doigt que le président des États-Unis ne dégaine l’arme nucléaire s’il avait eu le fameux bouton rouge à portée de main.
Et c’est donc avec une certaine inquiétude que l’on attend la visite demain en France de Vladimir Poutine, autre grand primate de la virilité triomphante. Après le rituel baiser sur la bouche, vont-ils affronter un ours à mains nues pour pouvoir évaluer leur testostérone ? Tandis que Fillon, Juppé ou Valls regarderont les images en se répétant, nostalgiques, le vieil adage : « Aux innocents, les mains pleines ».